Suzanne Giraud

Contact Suzanne Giraud compositrice contemporaine française

Compositrice Composer Komponistin

Les Enfants du Marais

2019, Les Enfants du Marais, opéra, œuvre pédagogique

Durée : 50′

Effectif : Récitant, 2 soprani, Alto, maîtrise d’enfants, orchestre (2 2 2 2 – 2 2 1 – 2 perc – 6 5 4 3 2)

Livret : Pascal Quignard

Commanditaire : Radio France

Création : 19 octobre 2019, Maison de la Radio et de la Musique, France, Pascal Quignard, Maya Villanueva, Elodie Fonnard, Pauline Sikirdji, Maîtrise de Radio France, dir Morgan Jourdain ; Orchestre Philharmonique de Radio France, dir Kornilios Michailidis

Bruitages : Bertrand Amiel – Réalisation : Sophie-Aude Picon – Production : France Culture et Direction de la Musique et de la Création

Édition Musicale Artchipel

Notice

L’écrivain Pascal Quignard et le compositrice Suzanne Giraud présentent un concert-fiction à la Maison de la Radio : Les Enfants du Marais, un conte cruel sur la rivalité entre deux jeunes garçons chanteurs avec en toile de fonds, le massacre de la Saint-Barthélémy.

Pascal Quignard n’est pas quelqu’un de facilement classable. Écrivain, musicien, comédien, entre autres, il vient montrer ce samedi 19 octobre à la Maison de la Radio une autre de ses facettes : celle de conteur. Dans cette adaptation de son conte, Le Chant du Marais (Editions Chandeigne, 2016), Pascal Quignard tient le rôle du récitant dans le concert-fiction Les Enfants du Marais

Les enfants du marais suzanne giraud
©laurajachymiak

Cette histoire se déroule à la fin du XVIe siècle à Paris. Deux jeunes garçons, un catholique, l’autre protestant, s’affrontent dans un concours de chant avec l’espoir d’être repérés et engagés par un chef de chœur. Par jalousie, le premier, dont la voix montre les premiers signes de la mue, va tuer le second, lui couper la tête et la jeter dans la Seine. Mais le crâne du garçon ressortira des eaux et se mettra à chanter avec une voix magnifique. Un conte ayant pour toile de fonds, le massacre de la Saint-Barthélémy. 

« Ce qui m’intéressait était de parler de la voix d’un garçon qui mue, de ce déchirement qui peut être violent et qui est une douleur qui apparaît souvent dans la composition de la musique, explique Pascal Quignard. Cette atmosphère de Paris à la fin du XVIe siècle, de la Saint-Barthélemy, du divorce des voix a réveillé beaucoup de choses en moi. Ce qui constitue le fond de cette histoire, c’est l’eau, la rivière, la Seine. J’ai un besoin de l’eau, qui est propre à la musique pour moi. Comme la tête coupée d’Orphée, qui lorsqu’elle rejoint la mer, soudain se met à chanter. C’est ce thème souterrain de l’eau qui est le fond de ce poème de musique ».

La compositrice Suzanne Giraud a eu un coup de foudre pour cette œuvre. Elle a donc demandé à Pascal Quignard de collaborer avec lui, et il a ainsi accepté de modifier son texte. « En lisant ce conte qui parle des maîtrises, des voix qui muent, j’ai tout de suite pensé qu’il fallait confier cela à la Maîtrise de Radio France. J’ai tissé un réseau musical, lié au texte, à son rythme. Et fort heureusement, Pascal Quignard a accepté de modifier son texte » précise la compositrice. 

Sur la scène du studio 104, Pascal Quignard en récitant, la Maîtrise et l’Orchestre philharmonique de Radio France, ainsi qu’un bruiteur pour contribuer à donner vie à ce conte, et enfin trois voix de femmes.

Victor Tribot Laspière, Radio France

Presse

Les Enfants du Marais enchantent la Maison ronde, ResMusica

Réjouissant : un vrai conte musical, avec ses situations très concrètes, son aura de mystère, sa portée symbolique ! Suzanne Giraud met tout son talent de compositrice au service d’un texte de Pascal Quignard qui s’impose par sa beauté sans apprêt. Plus la fraîcheur de trois chanteuses et des voix d’enfants qui emplissent tout l’espace. Quand grandeur et modestie se trouvent réunies.

Commande de Radio France (à réentendre le 15 novembre sur France Culture), Les Enfants du Marais, adaptation d’un texte plus ancien de Pascal Quignard intitulé Le Chant du Marais, nous transporte dans le quartier du Marais, à Paris, au moment des guerres de Religion. Chaque année, y est organisé à destination des chœurs paroissiaux un concours de chant pour les garçons non pubères. Craignant que le protestant Bernon ne lui ravisse la première place, le catholique Marcellin l’attire à l’écart, le poignarde, détache la tête du corps, jette celui-ci dans la Seine et dissimule le visage défiguré parmi les pierres de la rive. Une année s’écoule, et, revenant sur les lieux de son crime, Marcellin entend une voix qu’il ne connaît que trop bien : c’est le crâne qui chante ! Il l’exhume et l’emporte. Puis, après avoir été hué lors de la compétition annuelle et ayant perdu sa place dans sa chorale, car sa voix est en train de muer, Marcellin va d’auberge en auberge, exhibant son trophée merveilleux et gagnant ainsi beaucoup d’argent. Jusqu’à ce que la légende arrive aux oreilles du gouverneur du port de la Rochelle, un protestant qui ne croit pas au miracle et qui offre au catholique haï le choix entre gagner son poids en or si la tête chante devant lui ou mourir dans le cas contraire. Le prodige ne se reproduisant pas, Marcellin est exécuté. L’ossement se remet alors à vocaliser, séduisant le gouverneur avant de le lasser, et finira dans un grenier, oublié de tous.

Une histoire sombre dans une France à feu et à sang. Un zeste de merveilleux qui éclaire la nuit humaine. Des images bien réelles qui à elles seules portent l’imagination. Tout est là et nul n’était besoin de troubler cette belle eau par les ratiocinations d’un metteur en scène.

D’emblée, la diction naturelle de Pascal Quignard impose son texte qui va tout droit comme une évidence, celle de la simplicité d’une écriture factuelle parfaitement maîtrisée. La narration solitaire s’interrompt pour laisser entendre la musique. Ne cherchant pas à être originale, Suzanne Giraud a eu la très bonne idée de séparer la maîtrise de quarante chanteurs en deux chœurs, l’un protestant, l’autre catholique, et de poser le contexte historique d’un pays coupé en deux en faisant citer par le premier un psautier composé au XVIᵉ siècle par Claude Goudimel, et, par le second, un hymne marial en latin. L’autre invention, magistrale, est celle du Coryphée – trois femmes placées entre la maîtrise et l’orchestre, et intervenant séparément ou ensemble. Ce petit groupe joue un rôle comparable à celui du chœur dans la tragédie antique, faisant par ses commentaires répétés à satiété chauffer et enfler le drame, lui donnant une autre portée, plus allégorique.

À signaler en premier lieu : la soliste Maya Villanueva, au timbre de voix bouleversant, à la puissance étonnante et au sens des nuances très convaincant aussi. La sopraniste s’impose comme l’étoile de la soirée ! La musique n’est jamais intrusive, les tutti alternant avec les traits tantôt d’un violoncelle, tantôt d’un cuivre (très jolis motifs de la trompette), tantôt encore de l’un des percussionnistes, si importants dans cette partition (le temps et la tension dramatique n’étant jamais aussi bien exprimés que par la simple battue d’une mailloche sur un xylophone ou d’une tige sur un triangle).

Imperturbablement, Kornilios Michailidis déclenche les interventions multiples. Autre acteur de premier ordre, le discret bruiteur (Bertrand Amiel). Isolé de l’orchestre dans sa cage de verre, il agite la main dans une bassine d’eau, froisse des « feuilles » ou entrechoque des planches, faisant naître avec une incroyable puissance d’évocation le cours du fleuve, des pas sur la rive, une barque poussée ou la mousse qu’on fouille fébrilement.

La dernière phrase du texte, dite par le récitant, est : « Nous n’entendons pas le souffle de la Terre qui tourne. » Ce soir, c’est la poésie qui souffle sur nos têtes captivées.

Patrick Jézéquel

« Les Enfants du Marais » sur France Culture : un conte musical d’une réjouissante noirceur, Télérama

Un jeune chanteur est tué, mais sa tête continue de pousser la chansonnette. Sur une partition inventive de Suzanne Giraud, l’écrivain Pascal Quignard signe un conte fascinant. À découvrir vendredi 15 novembre 2019 sur France Culture.

Oubliez le film de Jean Becker, plein de bons sentiments. Ces Enfants du Marais-là sont une adaptation du Chant du marais, fable sombre de Pascal Quignard. Et ce ne sont pas des enfants de chœur, même s’ils chantent.

Au XVIe siècle a lieu tous les ans dans le quar­tier parisien du Marais un con­cours vocal très prisé. Les plus aisés peuvent y trouver de jeunes virtuoses afin d’« embellir leur cœur ». Marcellin, dit le Palaiseau, 12 ans, commence à muer et donc à perdre sa voix d’ange. Le jeune Bernon menace de lui voler la vedette, il faut donc le faire disparaître : en cinq coups de couteau, le gamin trucide son rival, lui coupant la tête. Laquelle continue de chanter – réclamant de rejoindre son corps – et suscite des convoitises…

Enregistré en public à Radio France, ce conte fantastique est servi par la voix ronde et lourde de son auteur, dans le rôle du récitant. Surtout, il est mis en musique par la compositrice ­Suzanne Giraud, qui imagine une par­tition tantôt lumineuse, tantôt dia­blement inquiétante. Trois chanteuses ­(Élo­die Fonnard, Maya Villanueva et Pau­­­line Sikirdji), la Maîtrise et l’Orchestre philharmonique de Radio France lui donnent vie. Révélant une œuvre fas­cinante, qui serpente doucement vers la noirceur.

Laurence Le Saux

Un conte de Pascal Quignard changé en œuvre musicale à la Maison de la Radio, Actualitté

La maison de la Radio propose, ce samedi 19 octobre, un Concert-Fiction en public à partir d’un texte de Pascal Guignard. Dans le cadre d’une collaboration avec France Culture et la Direction de la Musique et de la Création, l’écrivain a réécrit une version de son œuvre Le chant du Marais, paru en octobre 2016 aux éditions Chandeigne. 

Cette nouvelle création, intitulée Les Enfants du Marais, résulte du désir de la compositrice Suzanne Giraud de voir le texte de Pascal Quignard adapté en œuvre musicale. Le concert sera par la suite retransmis le 15 novembre dans l’émission de France Culture l’Atelier-Fiction, diffusée tous les mardis de 23 h à minuit.

Ce texte, sur lequel l’écrivain est revenu plusieurs fois déjà depuis son premier jet en 2002, s’inspire d’un conte du XVIe siècle. Il retrace l’histoire de Bernon, un jeune homme âgé de neuf ans, surnommé l’Enfant. Véritable virtuose de la chanson, Bernon devient la vedette du concours de chant d’enfants organisé chaque mois de mars dans le quartier parisien du Marais. Mais son destin sera entravé, sur fond de guerre religieuse, par l’un de ses principaux rivaux.

« Ce conte, Pascal Quignard en a fait une version tout à fait nouvelle, répondant à mon désir de le transformer en une œuvre musicale ayant pour centre la voix et son pouvoir envoûtant. Voix des enfants de la maîtrise, voix de femmes du solo au trio, voix parlée d’un récitant, et toutes leurs combinaisons possibles soutenues et commentées par un orchestre, racontent et illustrent cette histoire surnaturelle où l’enchantement le dispute au fait divers sanglant ayant pour arrière-plan l’une des périodes les plus tendues de notre histoire ». Suzanne Giraud

Clara Vincent

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